Ce matin, j’ai l’impression de perdre mon temps et Hal, l’Américain, commence à me taper sur les nerfs avec ses manières de « loud american ». Il est très fier d’avoir fait la guerre du Vietnam mais si on creuse un peu, il est resté bien en sécurité dans le département des transmissions à Saïgon, quittant le pays sans avoir été inquiété une seule fois. Mais il est un ancien combattant, tout le monde doit le savoir. Tous les Malais doivent savoir qu’il est Américain, qu’il vient du plus beau pays du monde qui a apporté Coca-Cola et McDo à toute la planète.
Premier arrêt de la journée, un shopping mall un peu minable où nous ne faisons qu’attendre je ne sais quoi. J’achète quand même une grande boîte de thé local, qui pousse dans les monts Cameron du centre du pays. Je prends ensuite un taxi avec quelques-uns de mes co-voyageurs pour aller visiter les temples thaï et birman: le Wat Chayamangkalaram abrite le troisième plus long bouddha couché du monde. En face se trouve le Dhammikarama Burmese Buddhist Temple. Tous deux sont d’une architecture aux fines ciselures, aux découpes diverses et entourés de statues colorées.
Je continue ensuite la visite toute seule, pas tout à fait à l’aise, mais c’est l’unique manière pour moi d’aller où je veux. Beaucoup de gens m’abordent pour discuter mais je me méfie, je me demande s’ils n’ont pas une idée derrière la tête et cela augmente mon anxiété. Il faut savoir que c’est la première fois que je me ballade ainsi en solitaire dans une ville que je ne connais pas. Et malheureusement pour moi, les blondes ont toujours du succès, à moins d’être en Scandinavie ou en Russie (où on m’adresse la parole en russe !).
Je passe devant le temple chinois de Kuan Yin Teng, regorgeant de fidèles et de fumée d’encens puis me dirige vers le musée historique de Penang où je me sens toute de suite mieux, entre les autres touristes. C’est un endroit qui vaut vraiment la peine et qui est très intéressant. Il expose de vieilles photos de la ville, des vêtements anciens et les objets des différentes nationalités qui habitent la cité. Et en plus, il fait très frais à l’intérieur !
Le chemin vers la mer est assez désert et je ne m’y attarde pas de peur d’être importunée. Je traverse ensuite Little India, en enregistrant les sons dans la rue, les musiques sortant des boutiques de cd, les motos qui passent, les gens qui parlent. Je passe par la mosquée Kapitan Keling, en travaux, puis par un petit temple chinois. Une bière et un nasi goreng me requinquent avant d’attaquer Chinatown à la recherche de VCD. Je trouve un magasin qui a un grand choix et amuse beaucoup les vendeurs en demandant des films avec Lau Ching-Wan. Très serviables, ils se décarcassent pour en trouver le plus possible et je ressors avec une belle collection de films cantonais sous-titrés en chinois sur le côté et en malais et anglais en dessous. Dans le paquet, il y a The Bra, une comédie loufoque sur un créateur de soutiens-gorges et un film incompréhensible tournant autour du mah-jong, Fat Choi Spirit.
Le soir, nous faisons une excursion à Batu Feringhi, ou c’était peut-être un peu plus loin sur la côte, je ne l’ai jamais su. C’est dans ce resort pour touristes plein de buildings hideux qu’habite Lucy et elle nous invite à passer chez elle avant d’aller manger dans marché local. Je goûte d’abord un laksa (j’avais lu que c’était une soupe au lait de coco et fruits de mer typique de la région) mais ça ne me goûte pas. Je me rattrape en mangeant des saté, bien plus « safe » au point de vue découverte culinaire !