Ce matin, nous rencontrons notre nouveau guide, Chu (prononcer Tchou), qui nous accompagnera pour les derniers jours de notre voyage dans le delta du Mékong et à Saïgon. C’est un jeune homme très sensible qui aura souvent la larme à l’œil quand il racontera certaines histoires un peu difficiles. Après que le chauffeur et Chu se soient un peu perdus dans Saïgon pour trouver et nous inscrire à l’école où nous suivrons des cours de cuisine dans quelques jours, nous prenons la route pour le delta du Mékong, le grand fleuve qui prend sa source au Tibet et qui traverse une grande partie de l’Asie du Sud-Est. Je l’ai déjà vu au Laos et au Cambodge; au Vietnam, il se jette dans la mer, non sans s’être séparé en plusieurs bras.
Nous arrivons en fin de matinée dans la petite ville indolente de Sadec, où Marguerite Duras a vécu, et qui n’attire d’ailleurs que quelques touristes français. L’école où elle a enseigné est fermée, sa maison a été détruite mais celle où a vécu l’amant est toujours là. C’est une belle maison de type chinoise, avec deux piliers séparant la pièce principale en trois parties. Les découpes dans le bois sont magnifiques quoique un peu chargées, comme souvent dans ce style d’architecture.
Pour arriver là, nous sommes passés par le marché local où nous avons été dévisagés et où les femmes s’amusaient à me donner de petites tapes sur les fesses. Quand j’en ai parlé à Chu, il m’a expliqué qu’elles trouvaient que mes fesses étaient bien rebondies et que j’étais la belle-fille idéale pour elles ! Chu nous achète plein de choses au passage: différents fruits mais aussi de la banane grillée et arrosée de lait de coco. Délicieux !
Pas de restaurant ici mais notre guide nous propose de manger au marché. Deux grandes soupes formeront un repas bien copieux et authentique, même s’il était un peu inhabituel pour les vendeuses de ne pas mettre les glaçons tout de suite dans la bière mais les canettes dans un bol avec les glaçons !
Nous arrivons en fin d’après-midi à Chau Doc où nous logeons dans le plus bel hôtel du circuit, une vieille bâtisse coloniale au bord du Mékong. Pendant que diane profite d’un massage, je suis prise d’une nostalgie très profonde en voyant les bateaux arriver du Cambodge qui n’est qu’à quinze kilomètres de là. Je regrette vraiment maintenant de ne pas avoir prolongé notre voyage de quelques jours dans ce pays qui a fait une si grande impression sur moi quelques années auparavant. Un cocktail sur la terrasse au bord de l’eau atténuera un peu ce sentiment mais diane me comprend tout à fait…
Le village n’est pas très grand et la carte du restaurant de l’hôtel est très attrayante. C’est un chef français qui y travaille et qui marie avec bonheur cuisine locale et inspirations du monde. diane reste près du Mékong avec un poisson bassa (ou poisson chat) aux épices et herbes du coin, moi je prends un plat de canard assez fusion, avec de la sauce aux poires, de l’anis étoilé, du taro découpé comme une poire et de la ratatouille au cumin.