Samedi 6 juillet 2019
Ce matin, je décide de prendre des oeufs benedict comme petit-déjeuner. C’est la première fois que je goûte ce plat et je trouve ça pas mal mais quand même un peu lourd.
En réfléchissant à ce voyage, j’avais noté que j’irais bien passer un jour à Leiden qui n’est pas très loin de La Haye mais une fois sur place, j’ai changé mes plans. La météo prévoit en effet de la pluie dans l’après-midi et je n’ai pas envie de me dépêcher dans mes visites. En fin de compte, je pense que ce n’était pas le meilleur choix mais peu importe, j’irai visiter la ville une autre fois.
Je pars de l’hôtel à pied pour rejoindre un petit musée assez particulier pas très éloigné: le Panorama Mesdag. Mesdag était un peintre local qui a réalisé une attraction très à la mode à la fin du 19e siècle: un panorama circulaire peint sur une immense toile. Le musée raconte la conception de l’oeuvre avant de mener à la peinture en tant que telle. Elle représente la plage de Scheveningen, la mer et le village de pêcheurs. J’imagine combien les spectateurs de l’époque devaient être fascinés par cette attraction. J’essaie aussi de visualiser leurs costumes, robes et chapeaux… Cette mode n’a pas duré longtemps: la photographie et le cinéma ont très vite remplacé les panoramas peints, les rendant totalement obsolètes. Si celui-ci a survécu – c’est un des seuls en Europe – c’est parce que le bâtiment est resté entre les mains de la famille Mesdag.
De là, je repars à pied, m’arrêtant un moment au Vredespaleis, le Palais de la Paix où ont été signés de nombreux traités. Mon but est le Fotomuseum et le chemin est assez long, plus long que prévu. Le paysage n’est pas laid: je traverse des quartiers résidentiels aux larges avenues et aux bâtiments anciens, en styles classique, art nouveau et art déco. Je vois en premier les murs en brique jaune du Gemeentemuseum mais aucune exposition ne me tente alors que la programmation est en général intéressante. J’y ai été quelques fois quand j’étais plus jeune, avec mes parents. Le Fotomuseum se trouve juste à côté et là, il y a de quoi m’occuper.
Ce musée abrite en effet un autre musée, le GEM, consacré à l’art actuel, et c’est par là que je commence ma visite. Je ne connais absolument pas l’artiste à laquelle est consacrée l’exposition: Krijn Giezen. Celui-ci s’intéresse au rapport entre l’homme et la nature. A vrai dire, ses œuvres ne m’ont pas vraiment passionnée mais il y avait d’autres artistes qui m’ont marqués. Deux en particulier: Semâ Bekirovic expose des bâtons, de vieilles branches, qu’il envoie par avion et récupère par la suite avec leur étiquette et emballage éventuel. Bram De Jonghe, un Ostendais, a créé une installation mouvante: un hareng séché fait le tour des trois salles d’exposition. C’est complètement absurde, ça n’a aucune utilité, et c’est ce que j’aime.
L’exposition principale du Fotomuseum est consacrée à Ute et Werner Mahler, un couple de photographes qui ont commencé leur carrière alors que l’Allemagne était encore la DDR. J’ai été conquise par leurs séries de photos, certaines plus anciennes, certaines contemporaines, tout particulièrement par la série Monalisen der Vorstädte qui immortalise des jeunes filles de diverses villes d’Europe, photographiées dans une pose similaire quelque part dans un terrain vague ou un champ en bordure de ville. Le couple de photographes a l’art de montrer les gens normaux, dans leur vie quotidienne des banlieues ou villages oubliés. Quand j’ai vu que cette exposition avait été montée avec l’aide des Deichtorhallen de Hambourg, je n’ai pas été étonnée. J’y avais vu une magnifique exposition consacrée à Bill Viola en 2017.
Plus loin se trouvent les photographies de Marwan Bassiouni, New Dutch Views. Je n’accroche pas trop aux montages combinant l’intérieur d’une mosquée hollandaise avec le paysage local correspondant à l’extérieur. Par contre, le photographe raconte des choses intéressantes, dont certaines m’interpellent: il est musulman pratiquant et explique que cela fait peur aux gens qui, dès qu’ils l’apprennent, marquent leur distance avec l’artiste alors que celui-ci n’est absolument pas prosélyte. Je pense que je fais partie de ces « gens »… je me rends compte que j’ai du mal avec les gens religieux, de toutes les religions, et même si j’arrive à me rapprocher ce des personnes, cela reste dans un coin de ma tête.
Enfin, ce sont les photos de Gerco de Ruijter qui clôturent ma visite. Autant le concept m’interpelle, autant les photos me laissent de marbre. Il expose des photos de satellites montrant les « grid corrections » aux Etats-Unis. A la fin du 18e siècle, le gouvernement américain a divisé les parcelles du territoire à coloniser en carrés d’un mile sur un mile (1,6km). Comme la terre est sphérique, il y a des décalages à certains endroits, et c’est cela que montre de Ruijter.
Le café du musée a l’air accueillant et je m’y installe pour boire un jus bio de pomme sureau et un wrap poulet avocat (un peu comme hier, donc). Je me promène ensuite dans le quartier, à la recherche d’un magasin précis qui en fin de compte n’existe plus.
Je reprends donc le tram pour une prochaine visite: celle de la distillerie de genièvre Van Kleef. En fait, il s’agit plus d’un café que d’une distillerie mais l’accueil est on ne peut plus folklorique: la patronne mélange toutes les langues et est super chaleureuse avec les clients. J’y achète une bouteille de korenwijn.
Je flâne ensuite dans les rues, trouve le beau passage renseigné partout – il s’appelle « De Passage » – et je vais dans un immense magasin d’ustensiles de cuisine nommé DOK. Je me rends compte après un moment qu’il s’agit de la même chaîne que l’International Home of Cooking de Bruxelles. Je résiste et n’achète rien.
Je passe par suite dans l’ancien centre de la ville, par le Binnenhof et la Mauritshuis, et les rues adjacentes… et il se met à pleuvoir(mes photos sont toutes sombres, et c’est accentué par le mauvais réglage de l’ISO). Je décide rentrer à l’hôtel, non sans un détour par Marqt, un supermarché bio où j’achète des bières (des craft beer de la région) et du chocolat Tony’s. Et je goûte de suite une délicieuse Mango IPA de chez Kompaan.
Je me repose un moment puis cherche un restaurant pour la soirée en utilisant Tripadvisor. Je ne souhaite pas aller trop loin et j’aurais aimé un restaurant indonésien mais aucun ne me tente. Par contre, je suis titillée par le concept de cuisine fusion asiatique de l’Umami. Il est encore tôt quand j’y arrive mais il y a du monde, et heureusement, il y a encore une table libre malgré mon absence de réservation, à condition que je sois partie pour 20h. L’idée est de choisir trois fois deux petits plats de type tapas dans une liste qu’on peut remplir soi-même. Mon premier service est composé de crevettes à la mangue et de tartare de saumon, le second de canard croustillant à l’orange et de poivron farci à la saucisse chinoise et le troisième d’un curry vert d’agneau et d’un curry rouge de crevettes (toutes les photos sont sur flickr). J’ai un peu mal choisi ce dernier service avec les deux currys mais l’ensemble des plats était inventif et délicieux, et je me suis régalée, contente de pouvoir goûter autant de plats différents sans avoir trop mangé.
De retour à l’hôtel, je suis tentée par un cocktail mais la carte est peu originale et je me rends compte que lire dans l’ancien coffre fort où se situe le bar risque de faire monter ma claustrophobie. Bref, je vais plutôt boire un verre de vin dans les canapés de la salle du restaurant, avant d’aller dormir.
Statistiques du jour: 12,1 km – 17 154 pas