Pour une seconde tentative d’apercevoir des tigres, nous nous levons aux aurores et recevons du thé chaud et quelques biscuits. Aujourd’hui, c’est la zone 5 qui nous a été attribuée et heureusement, elle se situe bien plus près de l’hôtel que celle du soir précédent. Il fait encore fort frais et je frissonne dans la jeep mais je résiste: je ne mettrai pas de gilet ! La route est belle, encaissée entre des rochers et couverte de végétation. Les différences de température sont sensibles entre les endroits plus verts et ceux qui sont plus ouverts. Le fort de Ranthambore – que nous ne visiterons pas (dommage) – domine le paysage, ancré au sommet d’une falaise.
Le guide local et naturaliste qui nous accompagne raconte que la zone 5 est favorable pour apercevoir des tigres dans leur milieu naturel et c’est plein d’espoir que nous commençons ce second safari. Cette zone s’articule autour de trois points d’eau que nous verrons l’un après l’autre. Il y a plus d’animaux qu’hier et je photographie avec bonheur biches, sambars (un type de cervidé), sangliers, aigles, hiboux, aigrettes, martin-pêcheurs… L’utilisation de mon téléobjectif n’est pas toujours aisée: il est lourd et j’ai parfois du mal à le stabiliser. Sur l’écran de l’appareil photo, les photos semblent toutes floues mais au final, ce n’est pas le cas et je suis assez satisfaite du résultat. Je trouve aussi une bonne combinaison entre l’utilisation du zoom pour les gros plans et l’appareil photo de l’iPhone pour les panoramas.
Le paysage est composé de plaines aux hautes herbes jaunissantes, de forêts de feuillus de petite taille et de zones plus sèches et rocailleuses. Malgré de nombreuses recherches, et des traces fraîches sur le chemin, pas un seul tigre ne se montre. Je suis vraiment déçue mais je ne regrette pas ce second safari que j’ai trouvé bien plus actif et varié que le premier où nous sommes restés garés au même endroit pendant une heure. Ici, nous avons roulé, nous arrêtant deux ou trois fois à chaque point d’eau, observant la faune sous un soleil qui montait de plus en plus dans le ciel.
En sortant de la réserve, les gardes annoncent que des tigres ont été vus uniquement dans la zone 1. De retour à la route principale, suite à une courte discussion avec d’autres jeeps, nous partons en trombe dans le sens inverse de notre hôtel: un tigre est sorti de la réserve et a tué une vache le long de la route. Quand nous arrivons au lieu dit, il ne reste que son cadavre et un attroupement mais nous avons eu droit à un petit moment de montée d’adrénaline !
(Plus de photos via ce lien).
De retour à l’hôtel, nous prenons notre petit-déjeuner puis c’est le moment du grand décrassage, la poussière s’est infiltrée partout ! Nous partons vers midi pour rejoindre Jaipur. Le choix de la route est déterminé par google maps et parfois il n’est pas très adapté à un véhicule comme un minibus. Il y a de nombreux chantiers et la route alternative est défoncée. Parfois la route en construction est juste à côté de l’ancienne route et malgré les interdictions, le chauffeur Jitu emprunte le tronçon moderne en sens inverse. Il n’est pas le seul: tout le monde cherche la route la plus confortable et la plus rapide sans que cela ne provoque trop de chaos dans ce cas-ci. Le moment le plus drôle, c’était quand le gps disait avec insistance « turn right » alors que c’était tout simplement impossible: nous aurions roulé droit dans la voie ferrée.
Il n’y a pas eu d’arrêt pour le repas de midi mais le petit-déjeuner était tardif. Tej avait en effet une idée derrière la tête et nous propose un arrêt surprise pour le thé au « château » de Kanota. Construite en 1872 à 15 kilomètres de Jaipur, cette résidence était la propriété du maharadja local et a été transformée en « heritage hotel ». Mais le lieu est surtout connu parce qu’il a servi de décor pour quelques scènes du film The Best Exotic Marigold Hotel. Tej a tout préparé et sort son ordinateur portable, nous montrant quelques extraits.
Après un désaltérant lime soda, on nous sert de délicieux pakoras de légumes et des biscuits, accompagnés de chai. Pour une fois, je me risque au thé alors qu’il est déjà plus de 16h et que la théine en fin d’après-midi provoque des insomnies chez moi. La salle principale, ouverte sur une large esplanade, est décorée d’un mélange d’objets indiens et de meubles victoriens, avec de nombreuses vitrines et les portraits des maharadjas de Jaipur, aux barbes impressionnantes. Aucun n’a l’air très commode et ils sont tous engoncés dans leurs habits d’apparat.
(Plus de photos sur flickr).
Ce moment est le bienvenu après la longue route et il y règne une nostalgie du passé qui m’enchante en cette fin d’après-midi. C’est aussi la première fois depuis le début du voyage que nous pouvons visiter un endroit seuls, sans autres touristes et le calme fait un bien fou.
Il reste quinze kilomètres à parcourir avant d’arriver à Jaipur. La ville est grande et la circulation doit suivre des chemins précis, évitant le centre historique. Notre hôtel, le Khandela Haveli, se situe dans la partie plus moderne de la ville mais a été construit sur le modèle des anciennes maisons des riches négociants, les havelis, combinant matériaux modernes et anciens. Toutes les chambres sont situées autour d’une cour intérieure et la mienne est au rez-de-chaussée. Elle me semble un peu froide et elle se révèle être fort bruyante, mais je m’en accommoderai. J’ai un gros coup de pompe mais il est l’heure d’aller manger. Le restaurant de l’hôtel est situé sur le toit et une légère brise nous rafraîchit. Pour la facilité, nous mangeons des plats du buffet mais je ne trouve pas que la nourriture soit très bonne: les plats manquent d’épices et de piquant.