(article sans photos parce que je ne suis pas une bonne blogueuse)
Je m’installe dans le taxi, une petite voiture de marque Tata, ces véhicules en plastique de fabrication indienne. Le chauffeur a mis trop d’after-shave qui se mélange au désodorisant de type sapin magique. Je ne peux pas dire que j’apprécie. Je me rends rapidement compte qu’il roule n’importe comment, accélérant et freinant constamment, roulant bien trop vite à certains endroits et changeant de bande tout le temps. Il me demande s’il peut prendre l’autoroute. J’acquiesce, me disant que cela raccourcira le trajet. Il y roule à cheval sur deux bandes, ou très près du parapet central. J’ai le cœur serré et un début de nausée à cause des odeurs. Nous arrivons à bon port et je suis soulagée.
C’est la foule devant l’aéroport. Il faut faire passer les bagages dans un détecteur à métaux dès l’entrée – l’aéroport a en partie été détruit lors d’une attaque à la bombe en 2007. Je change mes dernières roupies en euros puis je me rends compte que je dois à nouveau attendre parce que mon vol n’est pas encore annoncé. J’entame le quatrième récit d’Aki Shimazaki. De nouveaux contrôles aux rayons X, puis une nouvelle file pour déposer mon bagage. Et encore, j’ai de la chance: la mienne est plus courte parce que je me suis déjà enregistrée et j’ai choisi mes places dans les deux avions. Je me promène un peu dans la zone tax-free mais elle n’est pas très intéressante. Il est déjà une heure du matin et je commence à fatiguer mais je suis incapable de dormir tant que je ne suis pas dans l’avion. De nombreux pèlerins musulmans rejoignent la porte d’embarquement, mais ils bifurquent vers l’autre avion qui se trouve à côté. Tout est fort mal organisé lors de l’embarquement et l’avion prend du retard.
Il fait glacial mais j’arrive à obtenir une couverture. Peu avant l’heure d’atterrissage prévue, le commandant de bord nous signale qu’il y aura du retard d’une heure au moins: il y a du brouillard à Dubaï et il est impossible d’atterrir. Je panique – je n’ai que deux heures avant mon prochain avion pour Bruxelles. J’appelle l’hôtesse pour lui poser la question et elle me dit que je raterai sans doute ma correspondance mais elle part quand même s’informer. Elle revient, me rassurant: tous les avions ont du retard, y compris ceux qui doivent décoller.
Etait-ce une prémonition ? En choisissant ma place dans l’avion, j’avais sélectionné un siège très à l’avant, ce qui me permet de sortir très rapidement pour tenter de trouver des nouvelles au plus vite sur ma correspondance. Le premier panneau n’est pas très loin et me rassure: « Brussels – delayed +1hr ». Je me calme enfin – j’ai toujours les deux heures devant moi et je ne dois pas changer de terminal, chose qui m’inquiétait très fort aussi sachant qu’il faut une demi-heure de trajet entre chaque terminal. Je fais un tour du tax-free shop et achète une bouteille de rhum jamaïcain que je ne connais pas, puis me dirige vers ma porte d’embarquement. Il est environ 7h30 du matin et je n’ai pas encore beaucoup dormi.
On pourrait croire qu’un grand aéroport international comme Dubaï est un modèle d’efficacité. Loin de là. La suite de l’histoire tient plus du burlesque qu’autre chose. La porte d’embarquement est ouverte, je m’y installe. Un appel nous demande de la quitter, tout le monde se lève et va s’installer ailleurs, par terre souvent vu qu’il n’y a pas de fauteuils. Une fois vide, nous pouvons y retourner, après qu’on ait contrôlé nos tickets. Pour aller aux toilettes, il faut sortir de la zone et donc se désembarquer informatiquement, puis se ré-embarquer. Un appel nous annonce qu’il y a du retard, plus que celui prévu initialement: il n’y a pas assez de portes d’embarquement (« gate congestion »). Un peu plus tard, un appel demande à l’economy class de se lever et de suivre l’hôtesse – avant la business et la première classe. Nous descendons et un premier groupe de passagers prend un bus pour aller à l’avion. Et puis la porte se ferme et nous attendons. Et nous attendons. Au moins une demi-heure. L’hôtesse ne sait pas quoi faire, va voir au loin si un bus arrive, mais ne fait pas plus. Quand elle se décide enfin à quitter un poste qu’elle n’est pas censée quitter pour des raisons de sécurité, elle doit remonter à contre-courant une foule de passagers mécontents. A mi-chemin, on lui crie qu’un bus est là.
Je monte dans celui-ci, avec une cinquantaine d’autres passagers. Et puis commence le trajet vers l’avion. Nous ne voyons pas trop bien à travers les vitres recouvertes de publicités mais nous avons l’impression de faire de le tour de l’aéroport une première fois. Puis une seconde fois. Cela dure bien une demi-heure. Le chauffeur ne sait clairement pas où il doit aller. Il trouve enfin notre avion garé entre une multitude d’autres. Je m’installe à ma place, à côté d’une Chinoise vivant en Malaisie. Et puis nous attendons, encore et encore. Enfin, les derniers passagers sont à bord et nous pouvons nous préparer au décollage. L’avion n’est qu’à moitié plein et les hôtesses ne voient aucun problème aux changements de place. Je m’installe dans une rangée de trois près d’un hublot.
Le brouillard s’est levé et le soleil brille. L’avion décolle, proposant un superbe panorama de la ville de Dubaï, celle ville gigantesque et artificielle au milieu du désert. Il fait un cercle autour du Burj-Khalifa, la tour la plus haute du monde, puis part vers la mer. Je me dis que je n’ai plus besoin de visiter la ville, j’ai vu le plus beau. Le vol du retour est très calme, je m’installe sur les trois fauteuils et dors une partie du trajet. Nous arrivons finalement à Bruxelles avec une bonne heure de retard – le pilote ayant rattrapé une autre heure et demie en vol. Ainsi se termine ma plus longue journée du voyage (la prochaine fois, j’essaierai de mieux organiser ça – l’attente à Colombo était vraiment interminable).