Singapour & Malaisie (2022): Singapour (I)

Mardi 6 décembre 2022

Même si j’ai eu un sommeil agité pendant la nuit, je me sens malgré tout bien reposée quand je me réveille à 8h. Je traîne un peu, et regrette une fois de plus qu’il n’y ait pas de petit-déjeuner dans cet hôtel pourtant très confortable. J’avais prévu la chose et mange donc un biscuit aux céréales, accompagné d’un thé.

Le premier jour, j’ai toujours du mal à sortir mais je prends mon courage à deux mains. Il faut absolument que je change de l’argent ou que j’en retire à un distributeur. Sur les conseils de la réceptionniste, je vais à la station de métro toute proche, Jalan Besar, ce qui me permettra aussi d’acheter une carte de transport. Une fois sur place, l’employé me dit qu’a priori ce n’est pas nécessaire si j’ai une carte de banque sans contact. Il teste la mienne et me confirme que je peux l’utiliser sans soucis (la seule chose, c’est que je ne verrai qu’à mon retour sur mon relevé de compte combien m’ont coûté les trajets, en gros entre 1,5 et 3,5 euros, ce qui est tout à fait raisonnable). Il y a plusieurs distributeurs un peu plus loin et j’en choisi un au hasard – je ne le sais pas encore mais je change assez d’argent pour le reste de mon voyage à Singapour, sachant que tout se paie par carte, ou presque.

J’avais préparé des cartes google avec plein de points d’intérêts et j’y avait intégré les circuits à pied proposé par les Insight Guides (pour Singapour et Kuala Lumpur). Je passe donc devant la mosquée Abdul Gafoor, puis je me dis que je prendrais quand même bien un petit déjeuner. Sauf que les magasins commencent seulement à ouvrir et je ne trouve pas de café. Je me console avec des pâtisseries indiennes dans une échoppe du marché couvert: coconut burfi, kesar peda et peda palgora, choisis un peu au hasard. Je trouve ça collant et hyper sucré, avec un goût de fromage que je n’aime pas vraiment. Ce n’est donc pas une réussite et je sais maintenant que les pâtisseries indiennes, ce n’est pas forcément à mon goût. Mais ça fait l’affaire pour ce matin.

J’avais oublié combien la chaleur humide était intense, et après quelques dizaines de minutes dehors, j’ai l’impression de coller de partout et je transpire beaucoup (l’âge n’améliore pas la chose). J’interromps donc mon circuit à pied avant même de l’avoir vraiment commencé et je décide visiter l’Indian Heritage Centre où je sais qu’il y aura de l’air conditionné vu la modernité du bâtiment.

Ce musée très bien agencé et conçu explique la diffusion de la culture indienne en Asie du Sud-Est et son implantation à Singapour par l’intermédiaire de la migration de nombreux Indiens du sud du pays. S’ils sont concentrés dans un quartier défini, c’est principalement à cause du colonisateur britannique qui a préféré séparer les migrants par origine, créant des quartiers définis par l’ethnicité. Des objets de la vie de tous les jours sont exposés, expliquant la vie quotidienne de la communauté au cours de l’histoire. C’était intéressant (et je me suis rafraîchie).

Je rejoins ensuite Serangoon Road, l’artère principale qui traverse Little India et m’arrête au temple de Sri Veeramakaliamman où a lieu une cérémonie; je préfère ne pas m’immiscer. La réceptionniste de l’hôtel m’avait conseillé le Mustafa Centre pour changer de l’argent, ce qui n’est plus nécessaire, mais le lieu est intéressant. C’est un centre commercial ouvert 24/24 et il y a moyen d’y acheter de la nourriture mais aussi des ustensiles de cuisine, du linge de maison et des bijoux ou montres, le tout en version moche et dans un amas peu attirant et bordélique, mais assez fascinant. Je me rendrai compte deux semaines plus tard que Little India n’est pas vraiment représentatif de la société de consommation bling bling de Singapour mais que c’est un monde à part entière, un peu moins soigné et plus en désordre que la moyenne.

Je continue mon chemin, passant devant la mosquée moderne d’Angullia, puis visitant le temple Sri Srinivasa Perumal, le seul de tout mon voyage que je verrai de l’intérieur (je suis souvent arrivée au moment des heures de fermeture).

La multiplicité des religions est manifeste dans le quartier: je visite ensuite le temple Sakya Muni Buddha Gaya et en face le temple chinois Leong San See. Apparemment à un jet de pierre de là, il y avait le temple indien Sri Vadapathira Kaliamman mais je l’ai loupé.

Je rebrousse chemin, suivant Race Course Road – où se trouvait un champ de courses hippiques. J’avais noté un restaurant indien, mais mon impatience et ma non-consultation rapprochée de ma carte google ont fait que je me suis arrêtée avant l’adresse concernée dans un autre établissement, le Gayatri, qui était sans doute un peu moins habitué à une touriste comme moi. J’y ai bien mangé, ce n’est pas ça, mais je ne connaissais pas vraiment les codes, du genre manger avec la main droite. Comme il y avait un panier avec des fourchettes, je m’en suis servie. Bref, il s’agissait donc d’un plat du jour végétarien servi sur une feuille de bananier: un curry d’aubergines, du dhal, du raïta aux oignons et du riz que j’ai accompagné d’un curry au poulet. Apparemment j’aurais dû accepter qu’on me serve aussi un « gravy », une sauce, mais comme je ne savais pas que c’était l’usage, j’ai refusé. Un des patrons est venu m’expliquer ça par la suite. Tout ça a fait que je me suis sentie légèrement mal à l’aise, avec l’air conditionné glacial qui me soufflait dans le dos, mais j’ai bien mangé: c’était piquant et frais en même temps, surtout avec le lime soda.

Je passe encore devant une église – il manquait ça dans la panoplie de religions – et je retourne à l’hôtel pour digérer, et faire une sieste rallongée par le fait que j’entends une pluie diluvienne et un orage s’abattre sur la ville. Bienvenue dans les tropiques où il est courant qu’il pleuve en début d’après-midi. Je comptais repartir vers 14h30, finalement il sera 15h quand je ressors dans une atmosphère très très humide et collante (very sticky). Je veux m’assurer de l’emplacement du terminal de bus de Queen Street pour mon départ du lendemain, et c’est l’occasion de faire une promenade dans le quartier voisin, celui de Kampong Glam, autour d’Arab Street (je ne crois pas devoir préciser qui les Britanniques ont installé dans ce quartier). La rue est envahie de restaurants qui doivent être très (trop) animés le soir, l’architecture est ancienne, dans le styles de maisons chinoises qu’on retrouve partout dans la région des Straits (Settlements, ou établissements des détroits, ce qui ne veut pas dire grand-chose en français mais qui désigne cette région de la péninsule centrée autour de Penang, Malacca et Singapour). Le contraste est grand avec les immeubles qui entourent le quartier.

Je remarquerai très vite que toute la péninsule adore les spots instagram, et qu’il y a énormément de filles qui se font prendre en photo dans des poses diverses. Même les familles entières s’y mettent, qu’elles soient chinoises ou malaises; c’est vraiment un sport national. Un de ces endroits où il faut faire la photo, c’est devant la mosquée Masjid Sultan, et c’est en effet assez joli vu depuis la rue. Je me laisse encourager et visite la mosquée, enfilant pour l’occasion une longue robe (le voile n’est heureusement pas nécessaire, d’ailleurs je ne serais pas entrée s’il avait été obligatoire). C’est un grand espace avec des colonnes et un grand tapis mais il n’y a pas grand chose à voir.

Je passe devant deux autres mosquées, la Hajjah Fatimah Mosque et la Masjid Malabar, situées entre des immeubles modernes. Je me rends compte que le quartier est en fait tout petit et que j’en ai fait le tour. Avec l’humidité ambiante d’après averse, je me fais piquer par des moustiques et j’ai mal aux pieds d’avoir autant marché. Et je colle de partout. Je rentre à l’hôtel et la réceptionniste me conseille un restaurant de dim sum.

Après un moment de repos qui me permet de me rafraîchir un peu – même la clim mise à 28° est un grand plaisir – je ressors à la recherche du resto. Malgré ce qu’annonçait le net, il est fermé, mais heureusement je suis très vite tentée par un autre resto de dim sum tout proche, quoique bien plus petit et plus moderne en apparence. Je remplis le papier qui est sur la table avec ma commande, ne sachant qu’en partie ce que je choisis – je m’explique: « Fresh Prawn Dumpling », c’est assez clair; si je me souviens bien, les « Shanghai Xiao Long Bao » sont ceux remplis de bouillon (oui); par contre « Signature Char Siew Bao » me dit quelque chose mais je n’ai pas de souvenir précis. Ce sont en fait les petites brioches fourrées que je n’aime pas trop, surtout que dans ce cas-ci, la farce au porc goûte bien trop la cannelle. Mais le reste de mon choix était délicieux. Je rentre repue à l’hôtel, fatiguée mais satisfaite de ma première journée de visites dans cette partie de Singapour qui ne ressemble pas vraiment au reste (je m’en rendrai compte en fin de voyage).

Distance parcourue: 17 510 pas ou 12,7 km (je n’atteindrai jamais les 17-18km du Japon mais c’est lié aux températures)

Comme toujours, il y a plus de photos sur flickr.