Ce matin, il faut quitter ce lieu idyllique qu’est Gajner… Nous reprenons la route, en traversant Bikaner où nous sommes témoins d’une collision entre un tuk-tuk et d’une moto. C’est assez confrontant de voir le motocycliste faire des convulsions et l’attroupement qui se forme de suite autour de lui. Heureusement l’ambulance arrive déjà.
Le trajet prend 4 heures mais nous faisons un arrêt à Deshnoke où se trouve un temple assez particulier. En effet, l’édifice consacré à Karni Mata, une sage hindoue qui est une incarnation de Durga, est un sanctuaire pour les rats. Plus de 25.000 rongeurs y vivent et y sont vénérés. Je dois bien avouer que je ne suis pas très enthousiaste à l’idée de visiter cet endroit mais la curiosité l’emporte. Comme dans tous les temples, il faut se déchausser et le sol n’est pas propre. Ma visite est vite écourtée, dégoûtée par les déjections qui s’accrochent à ma plante des pieds. De plus, les rats courent partout et l’odeur est nauséabonde, ce qui n’a pas l’air de déranger les dévots. Des lingettes humides viennent à la rescousse et permettent de nettoyer mes pieds pour la suite du voyage. C’était en tous cas une expérience assez spéciale !
(Quelques photos supplémentaires sur flickr).
Nous continuons la route vers Nagaur. En arrivant dans la petite ville, le chauffeur peine quelque peu à trouver la bonne route mais finalement nous pénétrons dans le fort d’Ahhichatragarh. L’hôtel Ranwas est en fait au coeur de la citadelle ! Nous ne nous attendions pas à ça et ouvrons grand les yeux. C’est un établissement de grand luxe (noté à 9,7 sur booking) mais ancien, appartenant à la catégorie des « heritage hotels ». Comme la ville de Nagaur est en dehors des sentiers battus, c’est encore plus ou moins abordable (autour des 200€ quand même) sauf au moment du grand festival de musiques du monde organisé chaque année par le maharadja de Jodhpur dont dépend la ville.
Nous sommes les seuls touristes à y loger cette nuit-là, ce qui augmente évidemment le sentiment de vivre une expérience exceptionnelle. Le personnel est d’ailleurs aux petits soins pour nous pendant toute la journée et la soirée.
Les chambres sont dispersées dans différents havelis, comportant un rez-de-chaussée et un étage, avec chaque fois une cour intérieure couverte meublée de fauteuils et joliment décorée. A chaque étape, nous (les trois femmes voyageant seules donc) tirons au sort les clés pour les chambres et j’ai de la chance: j’obtiens la plus grande, avec un lit immense, un salon, une minuscule cour privée et une grande salle de bains.
Même Eddy trouve son bonheur en feuilletant les livres déposés dans la chambre.
Nous prenons ensemble sur la terrasse le repas de midi: divers plats locaux – notamment à base de haricots du désert -, des currys évidemment, mais aussi un assortiment de desserts que je laisse volontiers à mes compagnons de voyage. L’après-midi est libre et je m’installe à la piscine avec mon livre, observant le ballet des pigeons qui viennent s’abreuver. Après un moment, je décide d’aller nager mais l’eau est très fraîche: je mets donc un temps fou à y entrer !
Vers 16h, c’est afternoon tea et les serveurs nous amènent un assortiment de sandwiches, pakoras et de gâteaux, tous plus délicieux les uns que les autres. Et c’est inclus dans le prix.
Le soleil commence tout doucement à baisser et c’est le moment de commencer la visite du jour, celle du fort. Un serveur et guide nous emmène dans le dédale des couloirs et nous explique comment tout a été patiemment rénové. La cour principale est immense et les bâtiments prennent des couleurs dorées superbes en cette fin de journée. C’est aussi un plaisir immense de visiter l’endroit sans autre compagnie que les membres du groupe et cela donne le sentiment d’être maharadja pour un moment.
Nous montons à l’étage d’un des palais, sur un toit plat qui donne une vue panoramique sur la région. Des serveurs nous suivent avec des bières fraîches que nous prenons en apéritif pendant que le soleil se couche. Ils nous ramènent ensuite au restaurant à la lueur des lampes torches (et des smartphones).
Le dîner, bien trop copieux, est constitué de laal mas, dhal, haricots du désert, poulet tikka, soupe de carottes-coriandre, légumes divers, betteraves et un dessert (halva et gâteau au chocolat). Après m’être empiffrée, je décide que je mangerai moins les prochains jours !
La journée était mémorable et je m’endors avec le sentiment d’avoir vécu une expérience exceptionnelle, réservée à peu de monde.
Plus de photos sur flickr.