Géorgie (2023): Tbilissi

Dimanche 11 juin 2023

Après une longue nuit, je me sens bien plus fraîche ce matin, même si j’ai eu un peu chaud par moments. Je me lève vers 7 heures et me prépare à mon aise, puis vais déjeuner dans l’autre bâtiment de l’hôtel, au cinquième étage avec une terrasse qui offre une superbe vue sur la ville. Je me demande s’il y a des déjà des gens de mon groupe mais aucun moyen de le savoir. Le petit-déjeuner est varié, avec légumes et fruits, charcuterie et œufs, et de délicieuses petites crêpes fourrées au fromage. Je ne vois que du thé noir et je regrette de ne pas avoir pris mon earl grey favori avec moi.

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Le circuit ne commence pas encore aujourd’hui, j’ai en effet réservé un jour de plus pour explorer la ville du point de vue des reliques de l’ère soviétique. Je ne me suis pas compliquée la tâche, j’ai demandé à Wild Frontiers de m’organiser ça. C’était un peu cher, et j’avoue que je n’ai pas trop regardé les détails. L’envie était trop grande de voir de l’architecture de l’époque après ma lecture des livres d’Owen Hatherley.

Je retrouve Luka, mon guide pour la journée dans le lobby de l’hôtel. Il me présente à Alan et Helen, un couple anglais qui passe justement par là. Il les a guidé hier et font partie de mon groupe. Luka est rejoint par Besso, un Géorgien plus âgé (en fait il a mon âge) qui est là pour raconter comment était la vie sous l’ère communiste. Une 4×4 avec chauffeur nous attend au bout de la rue (je comprends mieux le prix élevé, j’ai trois personnes à mon service aujourd’hui, ce qui est malgré tout un peu intimidant, même si tout le monde me met à l’aise).

Le chauffeur nous conduit au centre de la ville, à la place de la Liberté (auparavant place Béria – Géorgien d’origine, tout comme Staline, puis place Lénine) puis prend l’avenue Rustaveli, bordée de nombreux bâtiments intéressants, le musée des Beaux-Arts avec une statue d’aigle mais aussi le parlement, construit par des prisonniers de guerre allemands. Cette avenue ne se traverse que par des passages souterrains qui, bien qu’un peu glauques, sont très animés et souvent occupés par des échoppes diverses.

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Nous prenons ensuite le métro à la station Liberty Square. L’entrée ne paie vraiment pas de mine, juste à côté d’un H&M. Un long, très long, escalator nous amène aux rames (les stations faisaient également office d’abri nucléaire).

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Nous changeons à Station Square pour prendre l’autre ligne jusque Medical University (si je me souviens bien). Difficile de se parler tant les rames sont bruyantes ! Le métro a été construit à partir de 1966 et c’est la quatrième ville soviétique à l’obtenir après Moscou, Leningrad et Kiev. Les stations ne sont pas très impressionnantes, bien plus simples que le métro de Moscou. Apparemment, sous l’ère du président Saakashvili, elles ont été rénovées et remaniées pour cacher les éléments les plus typiques et les plus intéressants de leur côté soviétique. Je remarque malgré tout une belle sculpture-fresque.

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Le chauffeur nous attend à la sortie du métro, où je vois de l’autre côté de la rue une belle mosaïque d’époque (il y a en plein en Géorgie, j’en ai repéré quelques-unes sur la route de l’aéroport notamment).

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De là, nous allons vers des immeubles assez particuliers, sur la rue Nutsubidze, construits entre 1974 et 1976 par les architectes O. Kalandarishvili et G. Potskhishvili. Ils sont connus parce qu’ils s’adaptent à la pente de la colline et sont reliés entre eux par des passerelles aujourd’hui quelque peu défraîchies (et pas super rassurantes). Besso nous explique que cela permettait aux habitants d’accéder à leur appartement même si la rue très pentue était enneigée.

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Ces buildings sont assez impressionnants, avec leur répétition de fenêtres arrondies dans leur partie inférieure. On voit aussi que le habitants ont tenté d’améliorer leur quotidien et ont fait des modifications. L’immeuble du bas possède des plaques en bois comme décoration. Quoi qu’on visite encore aujourd’hui, je suis déjà satisfaite de ma journée. Ces immeubles sont vraiment un exemple typique de l’architecture soviétique et sont bien plus originaux que les khrouchtchevka traditionnels (des immeubles d’habitation en brique ou en panneaux de béton de 3 à 5 niveaux construits à la chaîne dès les années 1960 sous l’ère Khrouchtchev pour héberger le plus possible de gens dans des conditions convenables et salubres – il y en a plein partout en Géorgie, comme dans la plupart des pays de l’Est).

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Il y a ensuite une pause devant une mosaïque qui raconte des histoires populaires géorgiennes, dans la forêt, avec des chasseurs et des animaux.

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L’arrêt suivant se fait à la Bibliothèque Centrale Ivane Javakhishvili de l’Université d’Etat de Tbilissi construite en 1971 par divers architectes. Le bâtiment est imposant, dans toute sa lourdeur, mais on a aussi l’impression qu’il flotte sur un socle.

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Il mène à une passerelle qui rejoint les immeubles où logeaient les étudiants, mais il y a quand même une certaine distance. Ceux-ci font aujourd’hui tache à côté des buildings modernes et opulents où habitent probablement des personnes aisées. Les vues sur la ville doivent être superbes en tous cas. On sent vraiment bien le contraste entre le nouveau et l’ancien (pas si ancien).

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En voulant montrer une photo à Luka, je me rends compte que même si j’ai une carte e-sim géorgienne (achetée sur airalo), je n’arrive pas à me connecter à internet. J’imagine que je n’ai pas bien configuré la chose mais ce n’est pas le moment de m’en occuper.

Un autre bâtiment emblématique de l’architecture brutaliste de Tbilissi est l’ancien musée archéologique construit en 1988 par Sh. Kavlashvili, Sh. Gvantseladze et T. Kikalishvili sur une colline un peu en dehors du centre de la ville. Il est aujourd’hui vidé de ses expositions parce qu’il n’y avait pas moyen d’installer un système de contrôle des températures. Il reste un concierge dont la présence est dénoncée par une antenne parabolique et quelques pots de géraniums. C’est aussi un immeuble étonnant avec son entrée dominée par une fresque sculptée, très imposante, donnant l’impression d’un attaque.

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De là, il y a un beau panorama sur la ville et je vois au loin un autre monument que je souhaite visiter. Il n’est a priori pas au programme mais ce n’est pas un souci pour y aller. Le chauffeur traverse toute la ville, j’ai l’impression de faire des allers-retours mais c’est dû à la topographie de la ville qui ne permet pas des boulevards en ligne droite. La conduite est assez sportive et dangereuses; de nombreuses voitures ne possèdent plus de parechocs, on dirait même que c’est une mode.

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De l’autre côté de la ville donc, au-delà de l’ambassade américaine qui est un vrai fortin, se trouve sur une colline le Chronicle of Georgia, un monument créé par Zurab Tsereteli in 1985 et racontant l’histoire religieuse du Christ et celle de la christianisation de la Géorgie.

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Encore un monument imposant, brutal et quelque part assez photogénique avec le beau ciel bleu. Et un autre beau panorama sur Tbilissi.

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Nous nous arrêtons enfin devant la Banque de Géorgie, construite en 1975 par les architectes George Chakhava et Zurab Jalaghania. Cet immeuble est bizarre, comme si on avait empilé des modules l’un sur l’autre, donnant une impression de flottement, avec très peu de superficie au sol occupée. C’est très géométrique, très rectangulaire. Les rénovations récentes n’ont pas dénaturé l’architecture originale, ce qui est un plus.

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Je comprends là que la visite guidée est terminée (je n’avais pas vérifié et je pensais que c’était pour un jour entier, mais elle a quand même pris 4 heures). Je suis reconduite à mon hôtel, non sans avoir noté une adresse pour manger et des idées pour occuper mon après-midi. Mais il faut d’abord que je règle ce problème de carte sim avec le wifi. Ce qui ne me prend que quelques minutes mais il a fallu que je consulte un mode d’emploi auquel je n’avais accès qu’avec du réseau. Je suis donc prête à repartir avec l’assurance que je ne vais pas me perdre.

J’ai donc le choix depuis la sortie de l’hôtel entre aller vers la gauche ou vers la droite. Je choisis la première option et je suis censée trouver des escaliers depuis le promontoire qui domine un grand parc. Ils ne sont pas très visibles mais je les trouve assez vite. Le parc est moderne, on sent qu’il a été aménagé récemment (je n’ai pas réussi à trouver des photos d’avant, de ce qu’il y avait là avant les travaux de rénovation du quartier). Il y a un téléphérique et un pont pour piétons très moderne qui traverse la rivière (un pont qui me fait penser à celui de Singapour, mais en tout petit).

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Je me retrouve dans une rue dominée par les restaurants et je trouve celui que Luka m’a conseillé, le Kala Café. Je m’installe à l’ombre sur la terrasse, rafraîchie par de la vapeur d’eau. La carte est importante mais je me laisse tenter par un salade au poulet et au sésame, avec une délicieuse sauce verte à l’aneth, ainsi que par un jus citron-menthe. C’est pas mal, mais ça manque de variété: les menus géorgiens sont faits pour des groupes partageant des plats très divers.

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Je repars, me promenant dans les petites rues. J’ai un but assez précis, et comme je découvre la ville, je n’y suis pas encore vraiment à l’aise (il me faut toujours un jour ou deux pour apprivoiser un nouveau lieu), je ne prends donc pas le temps de flâner et de vraiment explorer les moindres recoins. J’arrive à la place de la Liberté et à l’avenue Rustaveli. Il faut utiliser des passages souterrains pour traverser, pas moyen de faire autrement, ce qui limite un peu l’improvisation. Au moins, ils sont très fréquentés et certains sont remplis de petites échoppes. D’autres restent sombres et glauques mais on est en pleine journée.

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Je visite le Musée National qui n’est pas très grand mais qui expose des artistes locaux, anciens et contemporains, et notamment le célèbre peintre Niko Pirosmani et ses paysages ou scènes de la vie locale.

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Le petit parc à l’arrière du musée est accueillant et je m’y installe un moment avec mon livre, puis je vais encore jusqu’au bâtiment de l’opéra avant de retourner sur mes pas (c’est là que j’aurais dû chercher une autre route pour découvrir les maisons Art Nouveau de la ville, mais je ne découvrirai leur existence que trop tard, quand je me rendrai compte que je ne passe plus assez de temps à Tbilissi pour aller les admirer – voilà ce qui se passe quand on n’a rien préparé).

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J’aime vraiment me promener dans les villes et regarder les bâtiments, l’architecture. Il y a des couleurs, des styles propres à chaque endroit. Je passe entre des échoppes vendant divers produits locaux, tandis que d’autres exposent des livres de seconde main à même le trottoir.

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Je fatigue, le ciel se couvre et je suis pressée de rentrer, non sans avoir fait quelques emplettes au Carrefour local (du thé earl grey – je me suis rendue compte ce matin que ça me manquait vraiment). Une fois de retour dans ma chambre, je fais une mini sieste, puis décide de ne plus sortir, surtout que la pluie tombe et que j’ai de quoi grignoter. Je suis satisfaite de ma journée et de ma première rencontre avec Tbilissi, que je n’arrive pas encore vraiment à cerner, entre son côté ancien et son architecture contemporaine un peu blingbling.

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Comme toujours, il y a plus de photos sur flickr.

Distance parcourue: 16 940 pas, ou 12,3 km, 26 étages (Tbilissi est une ville vallonée).

7 réflexions sur “Géorgie (2023): Tbilissi

  1. merci pour cette balade ! on se promène au même rythme apparemment (organisé et non organisé, suivre son instinct) j’avais déjà vu des reportages sur la Georgie, c’est intéressant !

    1. Tu fais aussi des voyages organisés ? avec qui ?
      C’est en effet variable chez moi, en fonction de la destination. Le prochain voyage je pars à nouveau en solo.

      1. très rarement, le seul que j’ai fait était au Vietnam, mais il n’existe plus (un mois tout le pays, du sud au Nord, logé chez l’habitant sauf grandes villes) – mais ça donne envie ! j’espère aussi partir l’an prochain (j’attends de mieux parler la langue que j’apprends) en solo aussi

  2. Héhé, comme je sais quelle langue tu apprends, je sais où tu vas partir. C’est sur ma liste aussi, peut-être l’année prochaine, sauf si je retourne au Japon parce que ça me manque vraiment.

  3. Merci pour le voyage ! La descente dans le métro m’a rappelé celui de Moscou. D’ailleurs en Russie, ils aiment beaucoup l’aneth (j’ai vu que tu en avais dans ton plat).

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